Quand Lyon donna sa Part à Dieu

Bonjour à tous et bienvenue au JDH !
Aujourd’hui nous allons nous déplacer un peu plus à l’Est de notre dernière destination !
Comme vous aller vous en rendre compte l’histoire n’est qu’une grande toile d’araignée de lieux, d’évènement et de personnages tous implicitement connectés !
Vous trouverez donc systématiquement une relation avec l’épisode précédent un peu comme une série !
Certain l’aurons reconnu derrière mois, nous allons vous raconter l’histoire du centre commercial de Lyon : la Part Dieu qui est aujourd’hui l’un des plus grands centres commerciaux d’Europe.
Pourquoi vous parler d’un endroit pareil dans une émission comme celle-ci ? Et bien comme nous allons le voir c’est grâce à d’étonnants évènements historiques que la Part Dieu doit son existence.

Limite naturelle et également frontière, le Rhône est également une limite politique et administrative, qui sépare le Lyonnais et le Dauphiné.
Lyon rejoindra le royaume de France en 1312 et le Dauphiné seulement en 1349.

Cette frontière n’empêchant pas les échange humains et commerciaux, ce qui explique le développement de la Guillotière qui jouit d’une position stratégique sur la route de l’Italie.

La zone de la Part dieu, aujourd’hui considéré comme le quartier central des affaires lyonnaises était autrefois un vaste marécage, composée de champs et de terrains insalubres soumis aux inondations régulières du Rhône.

En 1203, suite à un échange de bien avec Humbert de Beaujeu, un certain Mr Jean Blanchard devient propriétaire des terres dites « de la Part Deu ».

La famille Blanchard et les propriétaire suivant n’auront pas marqué l’histoire contrairement à celle des Beaujeu comme nous allons le voir !
Humbert V de Beaujeu sera un militaire exemplaire aux côté de Louis VIII le Lion, roi de France, durant la croisade contre les albigeois.

Il deviendra un Croisé en 1247, et sera fait connétable par le roi Saint Louis durant la campagne d’Egypte qui eut lieu l’année suivante en 1248.
Lors du siège de Mansourah, il tentera de sauver le frère du roi, le comte Robert 1er d’Artois mais malheureusement en vain.
Il mourra en Terre sainte, à l’âge de 52 ans.
Nous nous sommes attardé sur ce personnages car non content d’avoir une vie remarquable, il est également l’oncle de celui qui sera l’un des 3 derniers grand maitre de l’ordre du Temple, à savoir Guillaume de Beaujeu.
Cette petite aparté nous permet de nous rendre compte que notre région regorge de personnages ayant marqué l’histoire avec un grand H.
Mais les templiers n’est pas le sujet du jours, revenons donc à nos vertes prairie « de la part Deu ».

Tout au long du moyen âge, la zone de la Part dieu est un ensemble de près appartenant à divers institutions religieuses Lyonnaises.
Concrètement et jusqu’au XVIIème siècle il ne se passe pas grand-chose.

C’est donc en 1679 et après plusieurs ventes successives que ce domaine finira entre les mains de  Mme Catherine de Servient ou de Mazenod de son nom de jeune fille.
Surnommer Dame de la Part Dieu, elle abritait sur ses terres, son château ainsi que divers bâtiments agricoles.

Cependant, un évènement va bouleverser la vie de Mme Servient et un peu plus tard celle de la ville toute entière.
Le 11 Octobre 1711 ce tenait le premier jour de la vogue de St Denis de Bron, appelé autrefois fête de Bacchus ou de Dionysos, fête célébrée depuis des temps immémoriaux par les Gaulois mais qui aujourd’hui n’existe plus.

Afin de bien comprendre le contexte de ce qui se déroula par la suite il faut prendre conscience de ce qu’était cet évènement.
La grande particularité de cette fête était de pouvoir s’insulter librement sans que la police de l’époque n’intervienne et au vu des divinités Grecques représentant l’évènement, quelques choses me dit que l’abus d’alcool ne devait pas être proscris.

Tu sais que grâce à cette fête on aura vu l’émergence de quelques expressions bien Lyonnaises telles que le bien connu « Ah, Te v’la Charogne ! » et j’en passe de meilleurs…
Je te laisse imaginer le nombre de personnes intéressées pour participer à ce genre de joute à cette époque !
Une vrai arène de gladiateurs alcoolisés !


Comme toutes bonnes fêtes, en fin de soirée les esprits bien imbibés se doivent de rentrer chez eux.
Cependant à cette époque un seul pont permettait de traverser le Rhône, le pont de la Guillotière dont nous avons parlé dans notre dernière émission.

Les gens se pressant pour retourner en presqu’île sont donc tombé nez à nez avec le carrosse de Mme de Servient qui retournait sur ses terres de la rive gauche.
Coup du sort, son carrosse a été accroché par un chariot venant en sens inverse et fut renversé en plein milieu du pont, ce qui produisit une barrière infranchissable sur laquelle la foule vint se heurter et l’empêchait de traverser.
Ceux qui étaient en tête, pressés par ceux qui suivaient furent écrasés les uns sur les autres. On dénombra 241 victimes dans ce qu’on appela “le tumulte du pont du Rhône”.
Officiellement Il y eut 25 personnes noyées dans le fleuve et 216 personnes mortes écrasées.

Nous ne saurons surement jamais le nombre exact de ceux qui furent jetés à l’eau dans le fort du désordre qui dura tout de même six heures.

Suite à cette accident tragique, Mme de Servient fut si tellement marquée par cette journée qu’elle légua ses domaines aux hospices civils de la ville de Lyon au « profit des pauvres ».

Durant les évènements tragiques de l’été 1793 avec l’avènement de la rébellion Lyonnaise, une partie de l’armée révolutionnaire installe ses canons à la Part Dieu.
Cette implantation aura pour conséquence la chute de Lyon qui deviendra une « commune affranchie ».
A la suite de la défaite, de nombreuses victimes de la répression sont exécutées à la Part Dieu.
Une chapelle, située à proximité, sera élevée à leurs mémoire au XIXème siècle.

En 1852, la Guillotière est incorporée à la ville de Lyon. C’est l’ultime rapprochement d’une longue et complexe relation.

Mais revenons à l’auteure involontaire de la catastrophe du pont de la Guillotière.
Surement rongée par le remords durant des années, elle donna donc ce qui fut pour elle « sa part de Dieu » 14 ans après l’accident.
Dans un premier temps, les hospices transformèrent en 1844 la plus grande partie de cet immense tènement en une caserne militaire.
Plus d’un siècle plus tard, on rasa tous les arbres et les bâtiments pour construire en 1968 le centre commercial actuel de la « Part-Dieu », la tour Oxygène en moins.
On en oublia complètement le vœu de Madame Servient qui était d’aider les pauvres.

Rappelons tout de même qu’à cette époque, donner aux Hospices civil, était vraiment faire un don aux pauvres. Les bourgeois se faisant soigner chez eux.
Madame Servient à fait donation en 1725, donc de son vivant, de ses terres, de ses bâtiments et de toute la production agricole de cette même année.
Dans un testament tenu secret, elle fit des pauvres de Lyon ses légataires universels sous diverses conditions, notamment la célébration de 600 messes basses, d’une rente viagère annuelle de 6000 livres et la prise en charge de son enterrement par l’Hospice Civils de Lyon.

Ce don lui permit de vivre très confortablement jusqu’à ses 83 printemps, 6000 livres équivalant aujourd’hui à environs 58K€ annuel.
L’alcoolisation des vogueurs l’ayant marqué à tout jamais, Mme Servient avait dans son vœu interdit l’installation de cabarets sur ses terres de la Part de Dieu !

Pour rendre hommage au don de la « Dame de la Part-dieu » comme on la surnommait, la rue menant à la part dieu prit son nom et les deux rues parallèles lui sont également liées, une à son domaine et l’autre à son nom de jeune fille, Mazenod.

Vous en savez maintenant plus sur l’origine improbable du grand centre commercial Lyonnais.

C’est sous la plaque de la rue qui lui est dédiée que nous allons nous quitter comme pour rendre hommage à son don qui transforma à tout jamais le quartier de la Part-dieu ainsi que la ville de Lyon.

Cette émission est terminée et nous espérons qu’elle vous a plu !
La prochaine fois nous vous parlerons de l’un des plus beaux bâtiments de la ville qui connut lui aussi un destin particulier.

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Ma « part à dieu » consiste à faire en sorte de vous raconter l’histoire de notre bonne vieille ville, elle reste plus modeste que celle de Mme De Servient mais c’est avec des petits gestes que vous pouvez contribuerez à écrire l’histoire !

Sources :
-Wikipédia
-Rebellyon.fr
-Le Progrès
-Genevieve et Abouis
-Guichet du Savoir
-Lyon Capitale
-Archives départementales du Rhône.
-Mini-World Lyon