Selim Hassan : Le Champollion Égyptien
Nous allons nous intéresser à un personnage un peu oublié de l’histoire mais au combien important dans les découvertes Egyptienne « Moderne » – comprendre fin du XIXème siècle à nos jours –
Nous parlons de l’égyptologue dont le buste trône encore aujourd’hui devant le musée du Caire, M. Selim Hassan (1887-1961) pour lequel nous avons un profond respect quant à ses recherches, découvertes archéologiques ainsi que son apport à l’égyptologie.
En 1922 il part visiter l’Europe en compagnie d’ Ahmed Kamal Pacha « Le premier Egyptien à être considéré comme égyptologue dira Eric Gady », voyage durant lequel il s’intéressera aux antiquités égyptiennes présentes dans les musées Européens et où il en dénoncera le pillage, entre autres le buste de Néfertiti au Berlin Museum.
Jusqu’en 1925, il étudia en France pour parfaire ses connaissances en archéologie et obtiendra des diplômes en langue Egyptienne et ancienne religion Egyptienne.
En 1927, de retour au Caire il est nommé secrétaire général adjoint au Musée égyptien , puis professeur d’archéologie à la faculté des Arts de l’Université Fouad 1er ( actuellement l’Université du Caire).
En 1928 il travaillera avec l’archéologue Allemand Hermann Junker dans la zone proche des pyramides pour des travaux de fouilles et d’exploration.
Il dirigera l’année suivante des fouilles pour le compte de l’Université Fouad 1er, sur plusieurs lieux :
-Tounah el-Gebel proche de Mellawi
-Méadi au sude du Caire
-Sur le plateau de Gizeh
En 1930, relate Etienne Drioton (Prêtre, Anthropologue et égyptologue Français)
« le professeur Selim bey Hassan nettoya de fond en comble le grand mastaba en ruines du perruquier du roi Rawèr, dont les statues les plus remarquables avaient été déjà transportées au Musée du Caire par Mariette. De là il passa, en 1931, au mastaba de Mersou-ànkh, chef des domaines de Rawèr. L’année suivante il découvrit, en déblayant le même secteur, la chambre sépulcrale intacte d’une femme inconnue, qui livra une collection de beaux bijoux. Il identifia dans le même temps le mur d’enceinte de Thoutmôsis IV autour de la cavité du Sphinx. En 1933, il dégagea le quartier sud-ouest de la même région, où il trouva les restes de mastabas taillés dans le rocher et, parmi eux, deux puits intacts de la Ve dynastie. Ce fut cette année-là qu’il déblaya complètement les restes de la petite pyramide de la reine Khent-kaous, femme du roi Néferirkéré. En 1934, il dégagea, dans la partie basse du secteur, la ville, en briques crues, des ouvriers qui avaient construit la grande Pyramide, et mit à jour les restes de tombes ayant appartenu aux descendants des grands rois de la IVe dynastie. La campagne de 1935 fut consacrée à parfaire le nettoyage du terrain autour de la pyramide de Khent-kaous, où le Professeur Selim Hassan découvrit la barque funéraire de cet édifice, taillée dans le rocher.”
M. Hassan sera nommé au poste de délégué aux Antiquités égyptiennes en 1939.
Il devient le premier Egyptien à assumer cette fonction. À ce titre, il tentera de faire réintégrer les artefacts détenus par le Roi Fouad, mais le fils du souverain défunt s’opposera à cette initiative et contraindra l’égyptologue à démissionner de son poste.
En 1954, Il examinera avec de nombreux savants d’autres pays l’impact de la construction du haut barrage d’Assouan sur les monuments de Nubie.
En parallèle de toutes ses fouilles et autres travaux, il prendra le temps de faire plusieurs publications comme les rarissimes volumes sur ses fouilles à Gizeh « Excavation at Gizah » en une dizaines de volumes (Que nous avons d’ailleurs du mal à nous procurer) ou les « Encyclopedia of Ancient Egypt » en 16 Volumes.
En 1949 sortira un livre sur le Sphinx « The Sphinx : History in the light of recent excavations » qui retiendra notre attention.
Livre dans lequel il écrivit, suite à l’étude d’une stèle trouvée derrière le temple d’Amenhotep II et toujours en lien avec le Sphinx, la « Stèle de PA-RA-EM-HEB » qu’il datera de la XXIIème dynastie (-945 -722 av. JC) :
« Il faut noter que l’hymne (texte de la stèle) commence par l’histoire de la création et la reconnaissance du soleil comme l’être suprême, l’architecte de l’Univers qui s’est créé tout seul. Il existe certainement de grandes ressemblances entre ce récit de la création et celui que l’on retrouve dans la Genèse et d’autres livres religieux, similitude qui s’étend même à la relation de la création des dieux (Anges) avant la création du monde.
Il faut remarquer tout particulièrement le passage suivant qui est peut-être le plus beau de l’inscription, qui offre à la fois une intéressante idée exprimée poétiquement et un rapport très clair entre le culte solaire, le Sphinx et les monuments environnants : « tu as construit pour toi dans le désert sacré dont le nom est secret (‘Shtyt’ qui signifie caché, secret) et tu te lèves en face de lui dans le ciel à ta façon tous les matins de l’éternité ».
Ce passage semble attester qu’à l’époque où cette stèle fut érigée, les Egyptiens avaient complètement oublié les origines du Sphinx et de son temple et qu’ils étaient enclins à leur attribuer une origine divine. Cette idée est très clairement exprimée par une inscription gréco-romaine sur la patte du Sphinx : « tes formes formidables sont l’œuvre des dieux immortels ».
En vérité, l’art remarquable dont témoigne la statue du Sphinx, la précision du détail aussi bien que les proportions colossales de l’ensemble, ont bien pu conduire les Egyptiens d’une époque où l’art avait dégénéré, à considérer le Sphinx comme une œuvre incontestable des dieux. »
M. Hassan semble supposer que 1500 ans après sa construction, le savoir, les informations de construction, les potentiels raisons religieuses de la raison d’exister du Sphinx, ont tout simplement été oubliées.
On imagine donc facilement les questions sans réponse que l’on peut avoir aujourd’hui, 4500 ans plus tard.
Selim Hassan est aujourd’hui considéré comme l’un des plus éminents archéologues égyptiens, son buste à l’image d’autres grands égyptologues trônent fièrement dans l’enceinte du musée.
L’Egypte et son passé n’a pas fini de faire couler de l’encre au même titre que le musée du Caire de faire de la place pour ses grands chercheurs !
Sources :
–Egyptophile
–English Ahram
–Gizapyramide.org
– « Le Sphinx son Histoire à la Lumière des Fouilles récentes » par Selim Hassan – ver Française 1951