Bonjour à tous et bienvenu au journal de l'histoire !
Aujourd’hui nous vous invitons à poursuivre notre périple Lyonnais et nous intéresserons à un monument chargé d’histoires : l’Hôtel Dieu.
Pour ceux qui se demanderai pourquoi nous racontons l’histoire de cette bâtisse, nous vous invitons à jeter un œil à nos précédente émissions sur Lyon !
D’après la légende, un petit établissement hospitalier aurait été fondé en 542, sur la rive droite de la Saône, dans le quartier de Saint Paul, afin de pouvoir accueillir les pèlerins et les pauvres.
Ce petit « Hôpital » a probablement existé sans avoir un lien avec l’Hôtel Dieu historique, mais en aura surement inspiré la construction.
Et comme nous allons le voir, la vie d’un hôpital n’est pas de tout repos.

La construction de cet imposant bâtiment commencera réellement au XIIème siècle, attesté en 1184, sur la rive droite du Rhône et à son emplacement actuel pour remplir les mêmes fonctions que le petit hôpital de la légende dont nous venons de parler.

Les membres de la confrérie du Saint-Esprit, confierons la construction de ce modeste établissement aux frères Pontifes qui comme vous avez pu le voir dans une précédente émission ont également édifié le pont de la Guillotière.
Ce nouveau bâtiment portera le nom « d’hospital du Pont du Rosne » et sera au départ un centre d’accueil pour les pauvres, pèlerins et voyageurs.

Mais avant de continuer, qui était les frères Pontifes dont nous avons déjà plusieurs fois parlé ?

Les Frères étaient des moines bâtisseurs.
Ils érigeaient des ponts dans le but de faciliter les communications et construisaient à leurs extrémités des chapelles et des bâtiments pour recueillir les pèlerins et les personnes malades.  
Un autre exemple de la réalisation des frères bâtisseurs est le pont Saint-Bénezet que tout le monde connait sous le nom de « pont d’Avignon ».
Ce tout premier bâtiment est assez minimaliste, il est équipé d’un prieuré et d’une petite église ouverte aux nécessiteux.
Le premier médecin attitré en 1454, sera Maître Martin Conras.

Pour faire face à l’augmentation de la population, la ville rachète l’édifice en 1478 puis le transforme en un espace bien plus grand !
Le bâtiment principal fait désormais 65 mètres de long et peut contenir jusqu’à 200 malades, une chapelle est ajoutée et d’autres parties sont utilisées comme annexes.

Une ouverture au public en 1493 les travaux d’expansion seront achevés au milieu du 15ème siècle et auront permis le rajout d’un cimetière, d’un lieu pour les simples passants et d’un espace pour les enfants mis en nourrice.
Aujourd’hui malheureusement, il ne reste plus rien de cet hôpital suite aux remaniements des 17ème et 18ème siècles.

Par la suite, les échevins de Lyon » (des notables de la ville) décident d’agrandir le bâtiment et construisent un grand hôpital, toujours sur les lieux de l’actuelle chapelle : il deviendra l’hôpital de Notre-Dame de la Pitié du Pont-du-Rhône. Sa capacité est d’environ 180 lits soit un pour trois personnes.

Aux environs de 1530, pour diverses raisons, la colère gronde à Lyon (Guerre de Religions). Les gens descendent dans la rue et sont bientôt rejoints par des mendiants et des personnes des campagnes environnantes.
François 1er crée alors l’Hôpital de la Charité pour héberger les nécessiteux et les enfants abandonnés, déchargeant ainsi l’Hôtel-Dieu, situé à proximité, de certaines de ses obligations.

J’ai une anecdote pour toi, le célèbre Rabelais exercera en tant que médecin à l’Hôtel-Dieu encore appelé l’hôpital du Pont du Rosne, de 1532 à 1535.  Ses absences répétées et souvent non justifiées l'obligent à quitter l’hôpital. Deux délibérations conservées aux Archives Municipales attestent les causes de son remplacement.
Pour conclure sur ce personnage, c’est à Lyon que Rabelais publiera ses 2 romans à succès : Gargantua et Pantagruel.

L’établissement jouit d’une bonne réputation, mais il devient à nouveau trop petit. C’est en 1622 que les recteurs décident de faire construire de nouveaux bâtiments.
Le petit dôme est édifié, ainsi que les quatre ailes en croix, dites des « quatre rangs ».
Le premier bâtiment datant du 16e siècle est alors détruit et la chapelle que nous venons de voir est construite à son emplacement.
Chapelle dont en pose la première pierre le 23 décembre 1637, en présence du cardinal Alphonse-Louis du Plessis, archevêque de Lyon et frère ainé D’armand Jean du Plessis, plus connu sous le nom de Cardinal de Richelieu !

Mais cela ne suffit toujours pas et des agrandissements sont encore nécessaire.
Grâce au don de Mme Veuve Mazenod, vous vous rappelez Mme de La Part Dieu dont nous avons parlé dans la précédente émission, et bien les propriétés de l’Hôtel Dieu s’agrandissent grâce à son généreux don !
On fait également appel au Roi Louis XIV qui autorise trois loteries successives pour obtenir de l’argent supplémentaire et accordera également de nouveaux privilèges à l'Hôtel-Dieu.
Louis XIV est en quelques sorte le créateur du Loto du patrimoine avec quelques siècles d’avance !

La réputation de l’Hôtel-Dieu se développe et les malades arrivent de plus en plus nombreux, on note une mortalité de un sur quatre à l'Hôtel-Dieu de Paris, contre un sur quatorze à celui de Lyon.
La médecine Lyonnaise en pleine essor à alors une très bonne réputation !

Nous sommes ici sur les balcons bordant la verrière de l'édifice, un endroit magnifique qui nous rappelle que c’est en 1761 que l’Hôtel-Dieu de Lyon se rapproche de son architecture « actuelle ».
Les plans sont dessinés par l’architecte Jacques-Germain Soufflot, qui dote l’édifice d’une façade et d’un grand dôme somptueux ainsi que d’une décoration extérieure luxueuse.

Mais l’Hôtel-Dieu est victime de nombreux incendies au cours de son histoire.  
Durant le 18eme siècle, les sinistres se succèdent, en 1718, 1737, 1742 et 1772.  Le dernier sinistre entraîne la destruction d’une grande partie des bâtiments. La fermeture de l’établissement et son transfert dans un autre lieu sont même envisagés.

Voici un endroit que je voulais absolument vous montrer, le dernier apothicaire de l'hôtel dieu est conservé ici comme un témoignage du savoir-faire médical Lyonnais précurseur dans plusieurs domaines.

L’époque révolutionnaire n’aura épargné personnes, pas même les hôpitaux et le soulèvement de Lyon contre la Convention nationale [assemblée qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795] qui engendra le siège de la ville lors de l’été 1793, provoque des dégâts considérables à l’Hôtel-Dieu de Lyon.

Mais l’histoire s’écrit parfois avec de la sueur et un peu de chance, celle à n’en point douter de la nomination en 1790, soit en pleine révolution, d’un nouvel administrateur qui permet de modifier le cours des choses.
Mr Jean baptiste Willermoz alors âgé de 60 ans, protégea l’hôtel Dieu durant la nuit du 24 août 1793 des quarante-un foyer enflammé dont le monument a été victime.

Malgré ce sauvetage la chapelle est pillée et les emblèmes de l’ancien régime, la fleur de lys, disparaissent durant cette période pour faire place aux emblèmes de la République.
On estime le nombre de victimes à 11 médecins, 31 chirurgiens et huit apothicaires ou herboristes.

Nous voici dans l’ancienne cantine des sœurs des hospices, aujourd’hui le restaurant gastronomique : le grand réfectoire et faisons un bond au XIXème siècle.
La ville de Lyon est maintenant un grand centre de chirurgie.
Plusieurs chirurgiens se sont illustrés à l’Hôtel-Dieu comme Mathieu Jaboulay qui fut le dernier chirurgien-major de l’hôpital et apporta une contribution importante à la chirurgie digestive épaulé par son interne Alexis Carrel avec qui il pratiquaient les premières transplantations d’organes.

Lyon est précurseur dans plusieurs domaines médicaux comme la radiographie et crée, dans un espace désaffecté de l’Hôtel-Dieu, le premier service de radiologie français.

Au début du XXe siècle, ls bâtiments techniquement dépassés incitent le médecin et professeur Jules Courmont à faire campagne pour une reconstruction de l’hôtel dieu sur de plus grands terrains.
Son ami Edouard Herriot, alors à la tête de la municipalité lyonnaise, lui apporte son précieux soutien.
Mais le véto du secrétaire d'État aux Beaux-Arts stoppera le projet. C’est ainsi que sera décidé la construction de Grange Blanche qui, plus tard, prendra le nom « d’hôpital Edouard Herriot ».
Mais l’Hôtel-Dieu est tout de même sauvé car en 1914, réquisitionné par l’armée, il deviendra hôpital militaire jusqu’en 1923.

La même année, Léon Bérard crée le second centre anticancéreux de France, dans le grand dôme de l’Hôtel-Dieu de Lyon.
12 ans plus tard, en 1935, l’affluence de patients entraîne un déménagement du centre de cancérologie à l’hôpital de Grange Blanche, puis l’installation au centre Léon-Bérard en 1958.

Le 2 septembre 1944, le bombardement du pont de la Guillotière par l’armée Allemande conduit à la destruction de certains vitraux de l'Hôtel-Dieu. Le 4 septembre 1944, le grand dôme prend feu après avoir reçu des tirs et est totalement détruit par un incendie.
C'est uniquement durant les années 60, que les fonds sont débloqués pour ça reconstruction.

Au cours des siècles, l’Hôtel-Dieu, berceau de la tradition humaniste a toujours bénéficié de la générosité des Lyonnais, de dons, de quêtes ou de legs sous diverses formes.
Cependant, face aux besoins de la médecine moderne et aux attentes des patients, l’édifice n’est plus adapté aux exigences des activités médicales de pointe.
C’est pour ces raisons, mais aussi afin de rénover et céder ce « complexe » exceptionnel que l’Hôtel-Dieu de Lyon ferme ses portes en décembre 2010.

L’édifice est aujourd’hui reconverti en différent pôle.
Un hôtel de luxe ou nous nous trouvons et dont l’entrée se fait par le dôme central nommée l’intercontinentale et au rez-de-chaussée des activités commerciales.
Le reste du site étant occupé par des sociétés du secteur tertiaires.
Les cours intérieures quant à elles sont ouvertes au public, d’ailleurs si vous faites une halte à Lyon nous vous invitons à venir flâner dans l’enceinte de ce magnifique monument.

L'Hôtel-Dieu renfermait également le musée des hospices civils de Lyon, témoin de son riche passé que nous venons de vous conter.
Depuis sa fermeture en 2010, il y a toujours un projet de réinstallation d'un grand musée médical et anatomique qui pourrait rassembler de nombreuses collections lyonnaises d'un immense intérêt historique, ce qui le transformerait également en l'un des plus grands musées médicaux de France.

Aujourd’hui classé patrimoine historique, l’histoire de l’ancien « hôpital du pont du rosne » pourrait faire un parfait roman ou adaptation au cinéma tant de grand personnage ont gravité autour de ce lieu, sans parler de tous les évènements qu’il eut subi au fil des siècles.

Cette visite d’une des plus grandes institutions Lyonnaises arrive à sa fin !
Mais celui de notre périple n’en est qu’à son commencement ! Il nous reste encore moulte histoire,  lieux, personnages et évènements ayant contribué à façonner cette ville à vous raconter !

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Quant à moi, je reprends ma plume et mon journal afin de vous écrire une nouvelle page de notre histoire, Lyonnaise !

Sources :
- Lyon tenaissance.com
- Wikipédia
- Patrimoine-Lyon.org
- Au cœur de Lyon
- Philosophe Inconnu