Bonjour à tous et bienvenu au Journal de l’Histoire !
Nous allons nous immiscer dans le centre-ville de Lyon et nous intéressé à l’une des rues que vous avez probablement arpenter un nombre incalculable de fois sans en connaître son histoire.
Par la suite nous nous intéresserons à un bâtiment emblématique de la presqu’île Lyonnaise comme nous l’avions stipulé dans notre dernière vidéo sur La Part Dieu que nous vous invitons à regarder pour bien comprendre notre cheminement.
Allez, on vous emmène pour une petite la balade.
L’histoire de la rue de la République commence dans les années 1840, avec les projets de remodelage du centre-ville pour l’adapter au développement urbain. Entre 1853 et 1864, la démographie lyonnaise fait un bond, passant de 177 000 habitants en 1851 à 324 000 en 1866, cette croissance est due à l’annexion des communes de Vaise et la Guillotière, en 1852 ainsi cas une forte croissance des activités industrielles. Le centre-ville est très dense et connaît des conditions d’hygiène déplorables.
Les rues étroites et tortueuses ne permettent pas la sécurité et le contrôle des populations alors même que les insurrections des canuts entre 1831 et 1848 ont marqué les esprits.
De 1841 à 1852, plusieurs lois relatives à l’expropriation pour cause d’utilité publique ainsi que d’insalubrité des logements donnent un cadre juridique au percement de la rue.
En contrepartie d’un dédommagement, 12 000 habitants sont expropriés et 289 maisons détruites.
Marqué par la première exposition universelle en 1851 à Londres, Napoléon III (seul président de la 2ème République, dernier monarque de France et premier président élu au suffrage universel) engage le percement (Pour Paris aussi) de la rue Impériale l’année suivante qui a pour but l’embellissement de la ville et l’assainissement du quartier alors privé d’air et de soleil en raison de l’étroitesse et de la hauteur des rues. La réalisation du percement de la rue Impériale et des immeubles qui en forment l’alignement se fait en un temps record ! 2 ans !
Les premières pierres sont posées le 25 avril 1855 et les immeubles achevés en 1857.
Les expropriations, démolitions et constructions sont réalisées rapidement et la rue est ouverte en 1859. Son importante largeur de 22 mètres – imposée par Napoléon III - et sa longueur de presque 1 km ponctuée par les places de la Bourse, des Cordeliers où Impérial lui confèrent aération et monumentalité.
Outre le palais du Commerce, les élégants immeubles qui la bordent hébergent diverses fonctions : commerce, divertissement, spectacle, bureaux et logements.
La transformation de Lyon s’engage en parallèle sous le pouvoir du préfet du Rhône, Vaïsse. Qui s’installe en 1853 avec ses services à l’Hôtel de Ville qu’il fait rénover à grands frais, car l’ancienne préfecture de la place des Jacobins n’offre pas les fonctionnalités nécessaires.
Lors de son voyage à Lyon en 1860, l’empereur, descendu à la gare de Perrache, parcourt la rue Impériale jusqu’au palais du Commerce encore inachevé, qu’il inaugure, et à l’Hôtel de Ville, où il est reçu avec faste.
La quasi-totalité des logements ou des bureaux bénéficient des commodités modernes et sont traversant depuis la rue vers la cour, facilitant ainsi l’aération des locaux.
Le style utilisé lors de la construction est essentiellement néo-grec et ces caractéristiques urbanistiques et architecturales sont éloignées de celles des immeubles démolis dont les façades étroites présentaient souvent une grande hauteur. Les nouveaux immeubles offrent un réel confort de par leurs équipements et leurs vis-à-vis permettant une plus grande pénétration de lumière.
Les lieux de la finance sont très présents dès l’origine dans la partie Est de la rue. Outre le palais de la Bourse et du Commerce, la Banque de France ouvre une succursale rue de la République et de nombreuses banques installent des agences le long de la rue. Toutes ces banques présentes sur la nouvelle artère centrale favorisant le développement industriel de la ville et la prospérité de son économie.
Quitte à passer juste à côté, au-temps vous faire profiter de l’intérieur somptueux du palais de la bourse.
Le palais du Commerce est l’œuvre majeure de René Dardel nommé architecte en chef du palais en 1854. L’édifice est destiné à réunir la chambre de commerce, le tribunal de commerce, le conseil des prud’hommes et la compagnie des agents de change… Par une conception remarquable organisée autour de deux puits de lumière, le cœur de l’édifice, constitué de la salle de la Corbeille - joyau de l’architecture lyonnaise - et de ses arcades superposées forme une galerie qui est inondé de lumière comme l’ensemble des salles qui les cernent sur les trois niveaux du bâtiment. Le palais est inauguré par l’empereur et l’impératrice Eugénie le 25 août 1860.
Mais revenons à la rue, des tramways à chevaux au métro, en passant par les autobus et trolleybus, la rue de la République a connu quasiment tous les moyens de transport lyonnais. Pavée et bien équipée en réseaux techniques (électricité, gaz, égouts) dès sa création, elle est parmi les premières rues lyonnaises à accueillir le tramway, qui fonctionne dès 1881. D’abord tiré par des chevaux, la rue de la République voit l’installation de rails de tramway électrique en 1898.
Il s’agit d’un système original d’alimentation électrique par un troisième rail, qui remplace le fil aérien. Ce procédé, adopté aussi dans le centre de Paris, ne concerne que quelques rues et places centrales de Lyon, dont le Conseil municipal ne voulait pas « gâcher la perspective » par des fils aériens. Techniquement peu fiable, ce système est abandonné en 1936, pour une alimentation aérienne plus traditionnelle.
Dès 1920, l’automobile commence à prendre une place de plus en plus importante dans la rue, y compris avec la circulation des premiers autobus qui arriveront 4 années plus tard. Le dernier tramway y circulera en 1954, remplacé par des trolleybus ou des autobus. Par la suite, avec la piétonnisation, les automobiles individuelles ne font que traverser perpendiculairement la rue.
Après l’avènement de la Troisième République, la rue Impériale (qui a pris le nom de rue de Lyon en 1871) devient en 1879 le rue de la République. Elle ne perd pas sa fonction de vitrine de la ville, rue de prestige et espace privilégié d’expression politique. Elle est la rue des cérémonies officielles organisées par le pouvoir, des cortèges des présidents français et des délégations étrangères en visite à Lyon ainsi que des défilés militaires du 14 juillet.
C’est aussi un itinéraire privilégié des manifestations d’opposition, voire d’actions politiques violentes comme le célèbre assassinat du président Sadi Carnot le 24 Juin 1894 comme en témoigne encore ce petit pavé rouge marquant le lieu du drame.
La permanence du rôle important de cette rue dans les représentations politiques s’explique à la fois par sa conception comme lieu de pouvoir et par son caractère large et rectiligne, avec une perspective monumentale qui permet de donner une image de grandeur aux évènements qui s’y déroulent.
Perspective que la municipalité projette d’accroître en la prolongeant vers le nord dès la fin du 19e siècle. Entre 1864 et 1919, cinq projets de percement sont proposés, larges de 20 mètres au moins, imposant la destruction de quartiers entiers. Ces projets ne sont pas réalisés, principalement en raison de leurs coûts très élevés, auxquels l’État ne veut pas contribuer. Après 1919, ils reviennent régulièrement dans les préoccupations municipales comme au début des années 1930 et des années 1960.
La municipalité cherche à mener une opération sur le même modèle que le percement de la rue, en y associant des sociétés immobilières privées, avec pour but de faire disparaître les vieux immeubles des pentes de la Croix-Rousse, jugés insalubres. Parmi les nombreux projets de prolongement de la rue de la République, c’est celui de Tony Garnier, en association avec le directeur du service municipal de la voirie, Camille Chalumeau, qui reçoit le plus de publicité.
Il s’inscrit dans le cadre du plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement de Lyon, en cours d’élaboration depuis 1912. Le projet de 1919 consiste à prolonger la rue vers la Croix-Rousse, avec une perspective qui déboucherait sur un grand monument aux morts de la Première Guerre mondiale. En juillet 1919, une exposition est organisée à l’Hôtel de Ville pour demander au public de donner sa préférence entre ce projet et celui d’Edouard Guillon, qui a les mêmes objectifs mais se fonde davantage sur un réseau de nouvelles lignes de tramways. Le projet Chalumeau-Garnier semble avoir la préférence du public, sans être pour autant concrétisé par manque de financement. Le monument aux morts est réalisé sous une autre forme, au Parc de la Tête-d'Or.
Au cours des années 1970, la rue de la République est bouleversée par les travaux spectaculaires de la première ligne de métro de Lyon. Ils se déroulent entre 1973 et 1978 et impliquent, sous les rues de la République et Victor-Hugo le creusement du tunnel en tranchée ouverte d’une quinzaine de mètres de large, ce qui paralyse le fonctionnement de la rue pendant de longs mois, c’est le 23 Avril 1978 que le métro accueille ses premiers passagers.
Le maire Louis Pradel et la SEMALY (Société d’Études du Métro de l’Agglomération Lyonnaise) envisagent d’abord de reconstruire la rue à l’identique. La mobilisation des commerçants et des associations de quartier impose l’idée de la piétonisation, qui est alors à la mode en Europe et devient un sujet de débat pour tous les Lyonnais. Le maire finit par céder après 3 ans de débats et décide de faire de la rue de la République une rue piétonne en 1975. Rendre la rue de la République piétonne est vu comme un moyen de redynamiser cette rue et de la différencier par rapport aux autres espaces commerçants de la ville, notamment vis-à-vis du centre de la Part-Dieu, inauguré en 1975.
L’union des commerçants de la rue de la République, fondée en 1912, est particulièrement active en faveur de la piétonisation, de même que des associations d’usagers, comme Les Droits du Piéton. La première rue piétonne lyonnaise est aménagée avec soin, en distinguant une partie Sud totalement piétonne et une partie Nord réservée aux piétons et aux transports en commun. Ses revêtements et son mobilier urbain connaissent un vieillissement rapide, ce qui conduit la municipalité à un réaménagement complet au début des années 1990, puis à la réfection des revêtements du sol en 2019 que vous avez pu voir ou subir l’année dernière !
La dimension culturelle de la rue de la République prend la forme du divertissement et de l’information très rapidement à l’image du théâtre Bellecour, dont l’inauguration a lieu le 25 septembre 1879, qui fut conçu par l’architecte Jules Chatron sur la demande de l’industriel et collectionneur Émile Guimet.
Mais dans la nuit du 22 octobre 1882, une explosion éclate dans le restaurant du Théâtre, l’Assommoir, fréquenté par la bourgeoisie, et coûte la vie à un employé. Après la fermeture du théâtre en 1895, le siège du journal le Progrès occupe le bâtiment. Un siècle plus tard c’est la Fnac qui s’y installe !
Le pari de la piétonnisation de cette rue est donc une réussite commerciale mais aussi patrimoniale et culturelle.
Cette artère commercial reste un lieu propice à la déambulation, comme point de rendez-vous et bien évidement pour faire des achats ! malgré la présence du centre commercial de la Part dieu depuis les années 70 cette rue à garder une place forte dans le cœur des Lyonnais.
Cette émission est terminée et nous espérons qu’elle vous à plus !
l’Histoire de notre bonne vieille capitale des gaules étant riche en Histoire nous n’avons pas fini de vous en parler !
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Nous remercions chaleureusement les archives municipales de Lyon et tout particulièrement Mr Louis Baladasseroni avec qui nous avons travaillé sur cette émission ! D’ailleurs on y retourne, c’est que l’histoire est flemmarde, elle ne s’écrit pas toute seule..
Sources :
- Archives de Lyon
- Mémoire et travaux de Mr Louis Baldasseroni sur l'évolution urbanistique de Lyon.